Riad, 42 ans, et Thourayya, 37 ans sont originaires de Raqqa en Syrie. Ils vivent avec leurs 7 enfants dans une tente dans un camp informel dans la région de Bekaa au Liban.
Le chemin vers la sécurité a été ardu et dangereux pour Thourayya et ses enfants, qui ont dû fuir la Syrie à pied. A époque, Riad était déjà au Liban pour faire soigner une blessure qu’il avait subie en travaillant.
Daech avait envahi leur ville l’année précédente et la situation s’était vite dégradée. « Chaque jour était pire que le précédent. Daech nous a confinés chez nous, nous étions enfermés à l’intérieur et ne pouvions sortir que pour acheter du pain. », explique Thouraya.
Quand les forces aériennes ont commencé à bombarder leur village, Thourayya a su qu’elle devait mettre ses enfants en sécurité. A peine remise d’une césarienne, elle entame alors, avec sa famille, la dangereuse traversée jusqu’à la frontière libanaise. Malheureusement, quelques minutes après leur embarquement, ils durent quitter le bateau et continuer à pied.
J’ai pris les enfants un par un et je les ai portés sur mes épaules vers l’autre côté de la rivière. Nous avons alors commencé à marcher. Nous avons marché longtemps avant d’atteindre un lieu sûr. Nous étions épuisés et nous pensions que nous allions mourir.
Avant que la guerre n’éclate, ils avaient un foyer et une terre qu’ils pouvaient cultiver : « Nous menions une vie aisée en Syrie, nous travaillions, […] nous vivions de l’agriculture. », explique Riad.
Ils vivent désormais dans des conditions précaires dans un camp sans eau ni électricité. « Les conditions de vie sont déplorables mais nous remercions souvent Dieu. Nous le remercions d’être en vie car nous survivons malgré tout. ». Aujourd’hui réunie, la famille s’endette malheureusement de plus en plus. Les parents ne sont en effet pas en mesure de subvenir aux besoins de leur enfants et doivent donc emprunter de l’argent pour les nourrir. « Nous n’avons absolument rien. Depuis que nous sommes arrivés ici, nous accumulons les dettes et nous n’avons aucun moyen de les rembourser. »
Ils reçoivent un soutien financier mais il est insuffisant pour couvrir leurs besoins. Riad a été blessé à la colonne vertébrale en raison d’une chute et n’est pas en mesure de travailler. Au lieu d’aller à l’école deux de leurs filles travaillent 8 heures par jour dans un champ de pommes-de-terre, pour une bouchée de pain. L’un de leur fils est gravement handicapé et son traitement ne peut pas, dans ces conditions, être pris en charge. L’opération coûte en effet très cher et ils n’ont pas non plus les moyens de lui faire faire une radio qui permettrait de déterminer la gravité de son état.
Leur vie est à peine supportable, mais ils espèrent que la situation en Syrie s’améliorera. « La sécurité est la chose la plus importante pour l’instant. Nous espérons que notre pays sera bientôt plus sûr et que nous pourrons y retourner. », conclut Thourayya.